Conte philosophique de sagesse indienne
Sagesse des contes de l’Inde
Voici un conte de sagesse indienne que j’aime beaucoup. Il nous rappelle que le sacré se niche au creux de la matière, se pare de l’ordinaire et que la vie nous offre toujours ce dont nous avons besoin. Il suffit d’ouvrir son cœur, ses yeux, ses oreilles et de laisser la porte ouverte…
Un homme en quête de sagesse alla un jour s’installer au bord du Gange pour méditer.
« Il y médita seul et sincèrement, ne cherchant aucun savoir, aucun pouvoir, aucune gloire, mais la seule Vérité. Au fil du temps, les villageois voisins prirent en affection sa simplicité. Aussi, lorsque après des pluies diluviennes le fleuve grossit et qu’ils craignirent une inondation, ils vinrent le prévenir, le priant de quitter sa hutte au bord des eaux pour l’une ou l’autre maison du village, le temps que le fleuve s’apaise.
– Ne craignez rien, répondit-il totalement confiant, je vais prier le Seigneur, il me protègera. «
L’eau continua à monter et il ne changea rien à ses habitudes. Les villageois inquiets retournèrent le voir et lui dirent :
« Venez chez nous saint homme, il pleut toujours, vous risquez la noyade !
– Cessez-donc de vous inquiéter. Le Seigneur n’abandonne pas ses enfants, sachez-le ! »
L’homme continua donc sa méditation tandis que l’eau continuait à monter. Elle lui mouilla les pieds mais il resta dans sa hutte. Quand le fleuve pénétra dans son abri, il grimpa sur le toit, s’y assit et continua à méditer et à prier Dieu.
« Une barque accosta contre le mur mouillé.
– Si vous voulez vivre, venez au sec sur la colline, hâtez-vous !
– Hommes de peu de foi ! soupira-t-il avant de revenir à ses oraisons.
L’eau monta jusqu’au toit, elle caressa ses chevilles, entoura sa taille, atteignit son cou. Une barque passait, entraînée par le courant furieux. Le batelier jeta une corde pour qu’il s’accroche et rejoigne les passagers.
– Allez votre chemin, brave homme, Dieu vous bénit pour votre geste, c’est lui qui me soutient, je ne crains rien.
L’eau submergea sa bouche et ses narines. La maison s’effondra sous lui. »
Une fois mort, l’homme arriva dans l’autre monde et trouva le dieu Vishnu.
« Ah, s’insurgea-t-il, je t’ai prié, tu m’as répondu que tu arrivais, et me voici mort. Est-ce ainsi que tu protèges ? Pourquoi m’as-tu trompé ?
– Je suis venu plusieurs fois.
-Mensonge, je ne t’ai ni vu, ni entendu !
– Ces gens qui t’ont offert l’abri de leur maison, ces barques et ce batelier que tu as refusé d’entendre, qui donc était-ce sinon moi ? Trois fois je t’ai tendu la main : toi, tu l’as refusée !
-L’ascète demeura muet. […] Ses illusions se dissipèrent comme fumées dans l’air du soir.
Source :
Contes des sages de l’Inde ; Martine Quantric-Séguy, éd. du Seuil.
Un beau conte…
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Vraiment chouette ! merci
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Hi thanks for postiing this
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Merci Kim !
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