Mal de dos et Yoga

Haro sur les muscles…

« Il faudrait que je me muscle le dos ! » Voici la phrase qui revient le plus souvent dans la bouche de ceux qui ont mal et qui pensent, à tort, que leurs douleurs viennent d’un dos faible, d’une insuffisance musculaire… Allons tordre le cou à cette idée trop répandue !

Si votre dos est en compote, surtout, ne songez pas à le muscler pour aller mieux, ça pourrait même être pire ! Allez d’abord chez l’ostéopathe, le kiné, le posturologue ou tout autre praticien qui remettra l’ensemble en ordre. Puis, entretenez son travail en assouplissant le dos, en l’étirant, en prenant soin de vos mouvements, de votre posture et surtout, de votre assise !

dos odalisque — Ingres a rajouté quelques vertèbres à la grande Odalisque pour qu’elle puisse avoir un dos long et souple 🙂

Pourquoi ne faut-il pas muscler le dos ?

Si vous vous lancez dans un programme de renforcement musculaire sur un empilement vertébral disgracieux, cela revient selon Dominique Martin à « renforcer la déformation, aggraver l’instabilité articulaire, la raideur, la dégénérescence musculaire, rompre avec la fluidité du mouvement, des gestes. » Autrement dit, vous allez rigidifier, gainer la structure dans une mauvaise position, entretenir la douleur et la tension des muscles.

Quand tout va bien, que les vertèbres sont correctement empilées et que la mobilité est normale, les muscles agissent dans « leur course physiologique », c’est-à-dire dans leur axe, sans tension.

Si les positions sont incorrectes, les fibres musculaires souffrent car elles doivent compenser le déséquilibre. Quand vous êtes mal assis (avachi) sur une chaise, les muscles se contractent pour protéger votre dos, essayer de lui faire garder sa structure d’origine. Dans les cas de scoliose, il est possible d’avoir mal au dos à cause de la mise en tension des ligaments et des contractures musculaires qui s’épuisent à maintenir la colonne dans l’axe. Inutile donc de faire travailler encore et encore les muscles…

Pour en savoir plus :

Quand les structures sont déséquilibrées, la mobilité est affectée, mais pas que… Il ne faut pas oublier qu’entre certaines vertèbres passent des nerfs et des vaisseaux sanguins. Certains déséquilibres peuvent donc perturber la vascularisation et l’innervation sensitivo-motrice (cf. les types de sciatiques ou de cruralgies qui sont liées à des compressions ou aux étirements dans les courbures de la scoliose)

On fait quoi alors ?

Dominique Martin explique que le 1er objectif doit être de recréer le confort articulaire. Autrement dit, travailler dans la direction d’un repositionnement des articulations aussi originel que possible.

Souvent, à force de garder l’assise par exemple, le dos reste arrondi, le menton projeté vers l’avant, la nuque cassée, et cela même quand on revient en position debout ; ce qui entraîne des douleurs. Le travail sur les postures de la vie quotidienne, des étirements appropriés permettront – en partie – à la structure de retrouver son harmonie et son équilibre.

posture — *A gauche une structure équilibrée, à droite une position déformée, notamment par l’assise*

Pour faire ce travail, il est important que les tissus (que ce soient les ligaments, les muscles ou les fascias) qui entourent les articulations soient étirés de façon à ce que la structure puisse à nouveau être souple et mobile (vs. gainée dans une mauvaise position).

L’idéal est donc d’entreprendre un travail préventif, quotidien et de longue haleine ; et il est préférable de travailler la souplesse du dos plutôt que la force.

Les postures de yoga permettent de travailler cette souplesse. Vous pouvez faire cette courte séance à télécharger gratuitement pour l’entretien quotidien de la colonne. Si vous souhaitez mettre en pratique ces conseils, vous pouvez aussi vous reporter à la page des stages et ateliers pour trouver le stage sur le dos.

Sources :

Dominique Martin ; Comment entretenir, protéger son patrimoine physique ; guide de la pratique posturale ostéo-articulaire et musculaire. Ed. Sol. (D. Martin est ostéopathe DO et enseignant. Il pratique le yoga depuis 34 ans.)