Être zen ça se travaille !

Être Zen, ça se travaille !

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C’est beau la Réunion 😉

A l’île de la Réunion, il y a une course qui s’appelle « la Diagonale des Fous » : 165 km et 9576m de dénivelé positif à boucler en un temps limité. Personne ne ferait cette course sans entraînement… Être serein devant la catastrophe de votre journée ou le stress qui s’accumule est tout aussi insurmontable si vous n’êtes pas entraîné. Alors comment faire ?

 

Rester calme est le grand défi de notre époque et de nos journées… En se baladant dans la rue, il semble que tout le monde y arrive plutôt bien. Est-ce que cela veut dire pour autant que chacun est serein ?

 

Calme et « Calme » :

Être serein n’a rien à voir avec ce calme forcé que l’on s’impose ou avec l’énergie énorme que l’on déploie pour se contenir dans une situation stressante. Les personnes qui sont « zen » ne sont pas celles qui n’ont pas de problèmes (ça n’existe pas, tout vient de l’importance que vous décidez d’accorder au « problème »), ce ne sont pas non plus celles qui se fichent de tout. Ce sont celles qui décident quelle attention elle vont donner, accorder à telle ou telle pensée, à tel ou tel souci.

Autrement dit, être serein c’est être capable de prendre du recul, de ne pas se laisser embarquer par ses émotions et surtout de ne pas s’identifier à la situation.

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Kom de lo su feuill sonje (« Comme de l’eau sur une feuille de songe » – proverbe créole, les événements glissent sur moi sans laisser de traces)

 

Le problème de l’identification

Et oui, tout vient de là ! Tout vient du fait d’être persuadés que nous sommes notre personnalité, que nous sommes un individu séparé d’un monde extérieur qui est tantôt bon, tantôt mauvais. Nous ne faisons aucune distinction entre l’être et la personnalité. Et tout le problème est là, dans cette confusion des deux.

Notre personnalité est liée à notre vie, c’est ce qui a été créé par nos expériences, notre éducation, notre vécu, c’est ce qui résulte des chocs et des souffrances de notre enfance. C’est notre manière habituelle de nous rapporter au monde, la construction d’un mental qui se trouve sous l’emprise de nos affects.

L’être à l’inverse est inné, inchangé, contemplatif. Il est au-delà de la forme et du concept parce qu’il est au-delà du temps et de de l’histoire. C’est une pure présence, ce qui reste de nous une fois que nous avons enlevé de notre personnalité tout le contingent. C’est notre essence, ce que nous partageons avec tous les autres vivants, tous les autres êtres.

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La personnalité est le maquillage de l’être

 

La personnalité « veut », elle a un objectif, elle est tendue vers un but, elle veut comprendre, elle fait la part-belle au mental pénétrant. C’est le monde dans lequel il y a des certitudes, des nécessités de succès, de reconnaissance, d’amour-propre… La personnalité met le monde en forme, l’organise, est pénétrante. Luis Ansa décrit la personnalité comme masculine. Elle a permis à « l’humain de se développer, de conquérir la matière, de découvrir le feu, l’architecture, de créer des cités, des avions, tout ce que nous avons. »

L’être est plutôt une force « captante », réceptrice, féminine. Dans le monde de l’être, « il n’y a ni âme, ni esprit, ni Dieu, ni amour, ni bonheur, ni malheur, ni vie, ni mort. » C’est la capacité à recevoir les choses sans chercher à les comprendre, à les accepter sans que ce soit de la résignation. C’est accueillir ce qui vient sans juger, comme un grand vase accueillerait toutes les gouttes du ciel, sans distinction.

 

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Et le stress dans tout ça ?

Le monde dans lequel nous vivons est parfaitement neutre. On appelle « négatif » ce qui est en dysharmonie par rapport à une situation donnée, mais en soi, ce qui arrive n’est ni négatif, ni positif. Le négatif n’existe que par rapport à la personnalité et à l’interprétation du monde qu’elle s’est créé.

Pour prendre un exemple concret : quand il pleut, il pleut, simplement, ce n’est ni négatif, ni positif. Dès qu’une « personnalité » ou une conscience – avec ses objectifs, sa perspective… – intervient dans ce monde où il pleut, tout change. L’agriculteur sera ravi de voir sa récolte arrosée au bon moment, le vacancier pestera contre le mauvais temps qui l’empêche d’aller à la plage.

Si vous ne voulez pas que la pluie pourrisse votre journée de vacancier, apprenez à être. Désengagez vous de votre personnalité, de votre interprétation du monde, de l’idée commune selon laquelle une journée réussie est forcément une journée passée au soleil sur la plage. Qui a décidé qu’une belle journée était une journée ensoleillée ? (les jeunes enfants sans jugement adorent la pluie !)

Ce travail tout simple sur la météo semble anecdotique, mais c’est justement un début, un véritable exercice à faire avant de pouvoir passer à plus compliqué et gérer des situations plus stressantes.

 

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Quelques petites techniques

Comment faire au quotidien pour prendre ce recul ? Quel exercice peut-on faire ? Il y en a de toute sorte et pour tous les goûts, en voici quelques-uns…

S’extraire d’une situation pour mieux être dans l’instant :

  • Trouver un moyen (un bip sur votre téléphone ou montre, un bijou inhabituel qui vous gêne, un post-it insolite sur votre ordi…) pour revenir plusieurs fois dans la journée à votre respiration. Le signal sonore marche bien, il vous surprend en plein milieu d’une situation, alors que vous êtes emporté dans votre élan, absorbé dans le monde extérieur :

Arrêtez tout et respirez 1 fois, parfaitement consciemment, en sentant l’air ouvrir votre cage thoracique et la force de vos pieds posés au sol (même au milieu de votre présentation powerpoint, cela vous donnera du recul et du poids à vos paroles 🙂

  • Exercez-vous à « l’attention divisée » dont nous avons parlé dans l’article sur Pratyahara.
  • Être conscient que le monde que je vis est une interprétation et qu’une situation ne vaut pas en soi mieux qu’une autre.
  • Pratiquer les techniques de concentration qui mènent à l’état méditatif.

 

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Éviter de cultiver le négatif

Quand il vous arrive quelque chose de désagréable, n’hésitez pas à en parler si cela vous fait du bien. Mais une fois que l’anecdote est racontée et que vous êtes calmé, rien ne sert d’y revenir quand on vous demande « quoi de neuf ? ».

Ressasser quelque chose de « négatif » lui donne de l’importance, votre cerveau brode et trouve à chaque fois plus d’arguments pour noircir le tableau (procédé propre à l’ego qui plus la situation est catastrophique, plus il se gonfle d’importance – selon Eckart Tolle.)

 

Ne pas se presser

C’est peut-être LE « truc » le plus simple à mettre en place pour arrêter de courir. Pendant longtemps j’ai couru après les bus et les métros, marché vite pour être à l’heure. J’ai arrêté.

Mettez une alarme, un gong… quelque chose qui vous indique l’heure à laquelle vous devez vous arrêter pour avoir le temps de vous préparer et de partir à l’heure. Quand le gong sonne, arrêtez ce que vous êtes en train de faire même si vous avez l’impression que ce que vous faites est absolument nécessaire (oui, c’est frustrant, mais ça se travaille aussi 🙂  et préparez-vous à partir.

Idéalement, soyez prêt 10 minutes avant de mettre votre manteau et consacrez ce moment là à ne rien faire ! Vous verrez, c’est beaucoup plus dur que ce que l’on croit 🙂 Observez votre mental qui dit probablement « c’est du temps perdu, je ne fais rien, c’est inutile… » bref, méditez !

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En conclusion

Etre zen, ça se mérite ! Ce n’est ni être stupide, ni être résigné, c’est simplement être ouvert. Ne pas se laisser submerger par la contrariété quand votre machine à laver vous explose dans la figure, par l’angoisse quand vous devez aller chez le dentiste (pensez à un truc qui vous angoisse si le dentiste vous laisse de marbre ;-), ça demande de la pratique… Et ce n’est pas le jour où vous êtes angoissé qu’il faut commencer à méditer et à travailler votre attention. Travaillez peu à peu, tous les jours, et vous verrez que ce qui vous souciait avant continue de vous casser les pieds, mais que vous pouvez en faire abstraction, que cela ne tourne plus en boucle dans votre tête.

De tout cœur avec vous dans cette pratique 🙂

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Ouvrages de référence :

Arnaud Desjardins ; A la Recherche du Soi

Luis Ansa ; La Voie du Sentir


6 réflexions sur “Être zen ça se travaille !

  1. C’est très instructif. La zénitude se cultive vraiment,je fais l’ effort et j’y arriverai. La gestion du temps est capitale. ..surtout nous devons avoir un vide de quelques min/jour – rester silencieux à l’intérieur comme à l’ extérieur.
    MERCI pour cet article.

    Une petite erreur de saisie SVP
    Et vous verrez….continuer de vous casse(r )les pieds…

    J’aime

    1. Merci Rose pour votre commentaire, en effet garder quelques minutes de vide par jour est très important, tout comme remettre de la conscience dans les gestes du quotidien. Ouvrir sa porte ou la fermer à clef en ayant conscience de ses gestes, ré-habiter le machinal est une certaine manière de créer de l’espace 🙂

      Bonne continuation à vous !
      Namaste

      PS : merci pour la coquille 😉

      J’aime

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